Combat minicentrale

[Yoland Marcotte]

Minicentrale à Sainte-Ursule – Les opposants gagnent la première manche
Le Devoir
Louis-Gilles Francoeur 2 septembre 2011
Les opposants au projet de minicentrale hydroélectrique dans le parc régional des Chutes de Sainte-Ursule, aux portes de la Mauricie, avaient hier soir remporté la première manche en signant massivement le registre municipal en vue d’obtenir un référendum sur le projet d’emprunt de 10 millions destiné à financer le projet.

En fin d’après-midi, plus de 300 personnes s’étaient en effet présentées à la mairie pour signer le registre. Et on en attendait encore d’autres avec le retour à la maison des travailleurs. Il fallait 141 signatures, soit 10 % de la population de Sainte-Ursule, pour mettre aux voix le règlement d’emprunt de 10 millions destiné au financement du projet de minicentrale de 1,8 MW dans les spectaculaires chutes de Sainte-Ursule.

Selon René Boulanger, du Comité pour la sauvegarde des chutes, «ce résultat est certes celui du travail des bénévoles du comité et de la Fondation Rivières. Mais c’est surtout le travail de la population qui, dans les derniers jours, s’est mobilisée autour de cette question. On a vu plein de gens qu’on n’avait pas rejoints inviter leurs voisins à signer pour sauver les chutes, qui sont ici un patrimoine auquel tout le monde voue un attachement profond».

René Boulanger pense même que l’ampleur de la mobilisation d’hier obligera le Conseil à annuler immédiatement le projet de minicentrale sans passer par un référendum.

«Les 300 personnes mobilisées contre le projet représentent près du tiers des personnes habilitées à voter, explique René Boulanger. Il faudrait que le conseil obtienne un bloc d’appuis encore supérieur, ce qui exigerait une participation de 60 à 70 %, ce qui est assez peu réaliste. Il se pourrait bien dans ce contexte que les voix exprimées aujourd’hui aient mis un point final au projet.»

Quant au maire, Réjean Carle, il se félicitait au moins de la netteté du verdict. «Ça aurait été beaucoup plus difficile dans la population si le résultat avait été à 140 voix ou à 142 voix», dit-il. Mais il refuse de dire ce qui va se passer désormais, car ce sera au conseil de trancher mardi prochain lors de sa séance normale.

Le maire Carle se dit néanmoins «très heureux» de constater que le débat soit resté élevé, qu’on n’ait pas fait d’attaques personnelles et que les acteurs aient débattu du projet avec des arguments rationnels. Cela a été le cas aussi, dit-il, de la Fondation Rivières, qui a appuyé par son expertise technique le comité local pour la sauvegarde des chutes.

Quant au porte-parole de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, il se disait convaincu hier que le projet de minicentrale ne se relèverait probablement pas de cette mobilisation, ce qui permettra à son organisme de se consacrer davantage au dossier de la rivière Jacques-Cartier, où la municipalité de Shannon veut aussi construire une minicentrale. La firme d’ingénierie BPR agit comme consultant dans les deux dossiers.

Concernant le dossier de Shannon, la municipalité a déposé son projet et est en attente d’une réponse du ministère. Plusieurs plaintes ont été émises concernant plusieurs irrégularités au niveau de l’éthique municipale et agissement ¨très douteux¨ de la firme d’ingénieur qui chapeaute ce dossier.
Une étude du BAPE pointe à l’horizon si nécessaire.

C’est rafraichissant de voir une population se mobiliser et dire ¨non¨ à des projets inutiles et destructeurs.
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